Avril 2019
« J’ai toujours cru et j’ai fondé ma vie sur cette croyance que les œuvres utilitaires n’étaient pas les plus utiles, et que les choses utiles entre toutes, les choses humaines par excellence étaient les lettres et les sciences par lesquelles se crée lentement une humanité supérieure. Il n’y a pas à mes yeux d’établissement philanthropique qui égale en bienfaits les Universités où s’élaborent des vérités nouvelles et la civilisation de demain » (Lettre de la marquise Arconati Visconti au recteur Paul Appell, [1920], Manuscrit de la bibliothèque de la Sorbonne, MS 1940). Cette citation de la marquise vers 1920 traduit bien l’importance et l’influence des lieux de savoir et la nécessité de les soutenir.
Depuis l’antiquité, le mécénat, souvent lié au domaine des arts et des lettres, mais aussi des sciences, a permis de financer différents types de projets comme des travaux « scientifiques », des collections ou la fondation d’établissements. A la fin du XIXe siècle et surtout dans la première moitié du XXe, de nombreux mécènes se sont tournés vers l’Université de Paris.
Cette université a en effet reçu de nombreux dons et legs de la part de divers mécènes dont les profils sont assez variés. Cette manne a permis le développement de disciplines, d’un certain nombre de bourses et d’aides aux étudiants et a favorisé au fil du temps la constitution d’un riche patrimoine. Ainsi, depuis le 30 décembre 1971 et la séparation de l’Université de Paris en treize universités, c’est la Chancellerie des universités de Paris, dont le recteur de l’académie de Paris est le garant, qui gère ce patrimoine.
Ces dons et legs ont pu prendre plusieurs formes : une somme d’argent, une rente, une propriété (un immeuble parisien pour y donner des cours ou encore une villa sur la côte d’Azur pour créer une maison de repos pour étudiants) mais aussi des ouvrages, des photographies, des objets d’art, des archives personnelles pour enrichir les collections des universités et leurs bibliothèques.
Qui sont donc ces mécènes ?
Parmi eux, citons les noms de familles ou personnalités célèbres comme les Rothschild, les Rockefeller, mais aussi les Conan Doyle. En effet, le fils du célèbre créateur de Sherlock Holmes, Adrian Conan Doyle a émis le souhait de donner la collection littéraire et biographique de son père à l’université, comme en témoigne les archives de la chancellerie.
Certains mécènes favorisent, grâce à leurs dons ou legs, l’enrichissement de collections, du patrimoine immobilier et même l’ouverture de nouveaux instituts ou de nouvelles bibliothèques.
Parmi les mécènes les plus généreux, la marquise Arconati Visconti a permis la création de la bibliothèque d’art et d’archéologie, mais aussi celle de l’institut éponyme ainsi que de l’institut de géographie.
Le monde de l’industrie a parfois aussi beaucoup œuvré en faveur de l’enseignement supérieur. Citons les frères Emile et Henry Deutsch de la Meurthe, tous deux grands mécènes de l’Université de Paris. Emile a participé à la fondation de la cité universitaire de Paris. Son frère, Henry, a donné, quant à lui, une forte somme pour l’ouverture de l’institut aérotechnique.
En effet, Henry Deutsch de la Meurthe s’est très tôt intéressé à l’aéronautique et aux machines volantes, avions ou dirigeables, pour lesquelles il a financé plusieurs courses. Pour soutenir cette science en plein essor, il a fait don en 1910 à l’Université de Paris de cinq cent mille francs ainsi que d’une rente de quinze mille francs versée tout au long de sa vie pour l’ouverture de l’institut et pour permettre la poursuite des progrès de l’aéronautique. Dans une lettre datée du 2 juillet 1909 adressée au ministre de l’instruction publique, il a expliqué son choix et les raisons qui ont motivé ce don. (voir documents joints)
Il meurt en 1919, mais sa famille décide de maintenir la rente de quinze mille francs par an au travers d’une nouvelle donation.
Le 12 et 13 décembre aura lieu un colloque sur le mécénat « Patrimoine, philanthropie et mécénat, XIXe–XXIe siècle. Dons et legs en faveur de l’enseignement, de la recherche et des institutions de conservation » à l’occasion duquel sera proposée une communication sur Deutsch de la Meurthe sous le titre Philanthropie et patriotisme. Les frères Deutsch de la Meurthe et la IIIe République. Ce colloque sera accompagné d’une exposition au Musée des arts décoratifs intitulée « La marquise Arconati Visconti, un mécène pour l’enseignement supérieur et la recherche ».
> Consulter le décret présidentiel
> Consulter la lettre de Deutsch Meurthe
Mise à jour : décembre 2021