Octobre 2018
Dès les mois de juillet et août, les doyens des facultés des lettres, Raymond Las Vergnas et des sciences, Marc Zamansky, mettent en garde les autorités ministérielles et académiques contre la difficulté d’assurer la rentrée de 1968-1969 : ils soulignent les problèmes de budget et d’accueil des étudiants toujours plus nombreux. Ils réclament la création de nouvelles facultés, les annexes construites quelques années plus tôt étant rapidement devenues insuffisantes. Ils pointent les problèmes de calendrier liés à la tenue des examens en septembre-octobre dont la majorité n’a pu avoir lieu en mai-juin. La note du recteur Jean Roche du 29 octobre 1968 illustre cette difficulté.
Afin de répondre à ces attentes et de solutionner une partie des problèmes, le ministre de l’Éducation nationale, Edgar Faure, annonce la création, pour la fin de l’année 1968 et le début de l’année 1969, de deux nouveaux centres universitaires expérimentaux : Dauphine et Vincennes. De nouvelles méthodes d’enseignement appelées de leurs vœux par les étudiants y sont testées. Ces centres se veulent être des laboratoires d’idées associant de grandes figures d’intellectuels telles que Michel Foucault et Gilles Deleuze pour Vincennes ou de grands théoriciens dans leur discipline comme Alain Cotta et Pierre Tabatoni en économie à Dauphine.
Faisons un focus sur le centre de Dauphine, qui prend place dans les anciens bâtiments de l’OTAN porte Dauphine. Le terrain de l’édifice, d’une superficie totale de 16502 m2, a été acquis par l’État (ministère des Affaires étrangères) en 1954 en vue de la construction du siège de l’OTAN. A la suite du transfert en Belgique de ce dernier, un accord international prévoit le rachat de l’immeuble par l’État français au prix de 79411200F, le 13 juin 1968. Un décret du 24 octobre 1968 porte création du centre universitaire Dauphine à statut de faculté. Si la gestion de l’immeuble est confiée à ce centre, plusieurs établissements en sont co-affectataires.
Ce centre propose quant à lui des enseignements spécifiques et pratiques en particulier à destination des fonctions tertiaires (voir l'annexe 1 et l'annexe 2). On y tente de faire coïncider l’Université avec le monde professionnel. La propédeutique (tronc commun) en 1ère année, qui avait été bannie par le plan Fouchet en 1966, est réintégrée. La rénovation pédagogique est en marche : recours à la pluri et interdisciplinarité, travail en petits groupes et contrôles continus.
En parallèle, et pour répondre à l’inadaptation de l’enseignement supérieur aux réalités socio-économiques du pays, révélée au grand jour en 1968, le chef de l’État promulgue, le 12 novembre, la loi d'orientation de l'enseignement supérieur, sujet de la prochaine « Archive du mois » de novembre.
Mise à jour : décembre 2021