"Faire danser les mots" pour guérir les maux au centre Augustin Grosselin
La DAAC a eu le plaisir de soutenir un projet élaboré sur mesure avec La Villette à destination de jeunes sourds et malentendants du centre Augustin Grosselin pour leur donner confiance à travers la pratique de la danse.
Les questions du handicap et de l’accessibilité au cœur de l’institution
La Villette est un lieu unique qui rend possible des actions sur mesure pour tous les publics avec une attention particulière portée à la mobilité et l’accessibilité soutenue par les référents handicap dans chaque direction. Les professeurs relais Sultania Dukovic et Patricia Signoret se sont également investies dans la formation et la sensibilisation du personnel. Dans le cadre de l’EAC, Sarah (coordinatrice d’actions culturelles Champ social et accessibilité au Pôle EAC) a évalué la pertinence du projet avec le centre Grosselin en y associant l’artiste adéquate : Antoinette Gomis, artiste et chorégraphe membre de l’incubateur (IADU) Initiatives d’Artistes en Danses Urbaines de La Villette, dont le spectacle « Les ombres » fait référence au parcours migratoire de son père et à la résilience.
Une approche pluridisciplinaire adaptée à des besoins spécifiques
Lorsque Sarah propose à Serge Selvestrel, enseignant au centre Grosselin, de candidater aux classes à PAC de l’académie de Paris, elle doit prendre en compte les problématiques qu’il soulève :
- introduire la Langue des Signes Française (LSF) dans l’expression corporelle pour communiquer avec le monde extérieur,
- comprendre les parcours migratoires et les contextes socio-culturels de certains jeunes impactés émotionnellement.
L’enjeu de la communication est d’autant plus complexe que certains jeunes ne se perçoivent pas comme en situation de handicap, tandis que d’autres ont des représentations erronées de la réalité.
L’éducation par l’art, les signes et le langage corporel
Le trio passionné décide donc de porter ce projet à bras-le-corps avec l'appui de la psychomotricienne Marion Spagnuolo : une dizaine de séances rapprochées de 2 h par semaine pour ne pas perdre les élèves.
Pour ces jeunes âgés de 12 à 14 ans, dont le niveau des apprentissages correspond aux élèves de CE1/CE2, l’accès au sens n’est pas implicite.
Antoinette prend pleinement conscience de ces facteurs pour établir une relation de confiance basée sur le respect et la bienveillance qui donneront lieu à des moments émouvants.
Des temps forts dans la transmission
Sarah se souvient de la rencontre métier à La Villette avec Jean-Michel, un collègue sourd, chargé de la construction des décors et de la menuiserie, tandis que Serge raconte un moment de partage mémorable avec les jeunes au centre lors de l’intervention de Jules, un danseur sourd.
Le projet "Faire danser les mots" a permis à ces jeunes de créer un lien indéfectible à travers une expérience collective et sensorielle singulière. Ceux pour qui, le simple fait de sortir de leur zone de confort a pu être éprouvant, ont gagné en assurance et réussi à surmonter une vision d’eux-mêmes parfois déficitaire.
La projection de la restitution de ce travail a été un moment fédérateur pour les enseignants spécialisés, les éducateurs, les parents et les jeunes mis en lumière dans le projet EAC.
À l’issue du projet, Antoinette Gomis a invité tout le centre à assister au spectacle « Le silence », dans lequel est interprété un solo de danse uniquement en langue des signes, un instant magique pour rendre hommage aux jeunes !
La DAAC remercie Sylvestre Gozlan, responsable Éducation Artistique et Culturelle & Accessibilité à l’établissement Public du Parc et de la Grande Halle de la Villette, Sarah Ruciak, coordinatrice d’actions culturelles champ social et accessibilité au Pôle EAC, Florine Waultier, chargée des publics et toute l’équipe de la Villette pour son engagement, ainsi que les élèves et les professionnels du centre Grosselin, notamment Serge Selvestrel pour son implication.
Pour en savoir plus sur la programmation de La Villette et les questions liées au handicap, vous pouvez contacter notre professeur relais Patricia Signoret, patricia.signoret@ac-paris.fr
Professeur des écoles depuis une trentaine d’années, Serge Selvestrel accompagne depuis 3 ans les jeunes du centre Augustin Grosselin (CAG) Léopold Bellan qui accueille une soixantaine de jeunes atteints de surdité moyenne, sévère ou profonde. Certains d'entre eux souffrent d'un ou plusieurs handicaps associés : déficience intellectuelle, altération des capacités d'apprentissage, troubles neurologiques et psychologiques. L'objectif premier du centre consiste à donner à chaque jeune les moyens et outils en vue d'acquérir le plus d'autonomie possible.
Figure-clef de la scène danse urbaine française, Antoinette Gomis a intégré l’incubateur IADU de la Villette en insufflant une énergie unique. Le projet « Faire danser les mots » fait écho à son spectacle Les ombres, qui retrace le parcours d’immigrés africains en France, dans laquelle elle mêle hip-hop, danse africaine et langue des signes. Même si elle a dansé pour les plus grands, de Madonna à Quincy Jones en passant par Georges Michael ou Maitre Gims, Antoinette n’a jamais oublié d’où elle venait : les Mureaux, une banlieue parisienne modeste qui continue à l’enrichir. Antoinette commentera les épreuves de Breakdance aux Jeux olympiques les 9 et 10 Août 2024.
Sarah Ruciak, coordinatrice d’actions culturelles champ social et accessibilité au Pôle EAC accompagne les publics notamment les groupes du handicap dans la co-construction des projets à partir de leurs besoins, en fonction de la programmation de La Villette. Sarah se présente comme un trait d’union entre ces publics et les projets spécifiques et La Villette. Elle coordonne les actions culturelles pour les rendre accessibles au plus grand nombre.
Mise à jour : août 2024