Littérature et figure héroïque, le pari du musée de la Libération de Paris

La DAAC a découvert le destin de héros et le thème de la libération de Paris à travers les travaux des élèves du REP Villon dans le cadre du jumelage.

Professeur de français depuis 11 ans au REP Villon, Aurore Jacquin nous partage son expérience du jumelage avec beaucoup d’enthousiasme ! Elle a pu travailler sur l’histoire de la libération et la thématique du héros en inter-degré avec les enseignants du réseau, appuyée par Yann Simon (professeur relais au Musée) et Emmanuel Géraud (coordonnateur REP).

Les deux sujets ont été développés pendant un atelier d’écriture avec l’écrivain Dorian Masson, auteur de nouvelles et poète.
- la fabrique du héros avec les classes de CM2 de Mme de Lalande, de CM1-CM2 de M.Hamdi et la classe de 6e4 du collège François Villon de Mme Jacquin (professeure de français)
- la commémoration de la libération de Paris avec sa classe de 3e.

La fabrique du héros en dehors de Kilian Mbappé

La gageure était de taille pour une génération obnubilée par le maître du ballon. Comment s'interroger sur ce qui fonde le geste héroïque ? Peut-on comparer les héros d’hier dans l’Odysée à ceux d’aujourd’hui et si oui, quels sont leurs points communs ? Le héros des uns est-il nécessairement celui des autres ? Comment restituer la dimension héroïque dans une représentation ?
Après avoir longuement débattu en classe, les élèves ont désigné des héros et héroïnes aux trajectoires hors normes, comme celle de Mamoudou Gassama, surnommé Spiderman après avoir secouru une enfant en escaladant à mains nues les 4 étages d’un immeuble. De Félix Eboué à Simone Veil en passant par Coluche, Marie Curie ou Louis IX, tous ont été considérés comme des modèles inspirants.

Pour approfondir la thématique, les élèves ont " rencontré " au musée de la Libération de Paris les personnes qui se sont engagées pour libérer la France, puis entamé le travail d’écriture avec Dorian Masson, ainsi que des productions artistiques avec leur professeure d’arts plastiques. Enfin, ils ont réalisé des modelages au musée Antoine Bourdelle lors d’une visite-atelier. Tout ce parcours a nourri leur imaginaire sur la figure du héros.

La commémoration de la libération de Paris

Aurore Jacquin avait à cœur de montrer aux élèves de 3e le travail de recherches inhérent à l’écriture, citant volontiers les légendaires brouillons de Flaubert pour déconstruire le fameux « j’ai pas d’inspi » des collégiens. Les élèves ont visité la salle consacrée à la Libération de Paris du Musée pour s’approprier les œuvres et produire des textes dans le cadre de la commémoration des 80 ans de la Libération de Paris (août 1944) avec Dorian Masson.
Ils ont ensuite vécu un moment de partage unique lors du témoignage de Jacqueline, une voisine du quartier, âgée de quatorze ans en 1944, comme eux aujourd’hui, qui a pu assister à l’arrivée du Général Leclerc sur l’avenue d’Orléans. En effet, Paris a été libérée par des troupes qui ont traversé le quartier dans lequel vivent les élèves.
L’ensemble des travaux du REP Villon a donné lieu à l’enregistrement de textes sous forme de podcasts disponibles sur le site Diva 14, la webradio de la cité scolaire François Villon.
Des QR-codes renvoyant aux podcasts ont été placés dans les collections du musée, au niveau des œuvres qui ont inspiré les élèves. Les visiteurs pourront accéder aux productions des élèves jusqu’au 25 août 2024.

Alliant l’histoire, l’enseignement moral et civique, les lettres, les arts plastiques, ce parcours-atelier a conduit les élèves à s’interroger sur la notion de héros grâce à la réflexion en co-construction des professeurs des écoles et du second degré, d’un professeur de la ville de Paris et du coordonnateur REP. Le projet a permis aux élèves de fréquenter un musée de proximité et de s’y sentir chez eux, et contribué au renforcement du groupe classe en réalisant un objectif d’éducation artistique à la fois culturelle et mémorielle.

La DAAC remercie tous les enseignants du réseau et les élèves pour leur travail remarquable, l’équipe du musée et notamment Yann Simon et Aurore Jacquin pour leur implication.

" Le projet des 80 ans de la Libération de Paris était ambitieux. Il s’agissait d’abord de mêler deux disciplines : Histoire et Littérature. Je souhaitais faire ressentir aux élèves que chacun d’eux appartient à la grande Histoire de la France, qu’ils sont à la fois des témoins et des acteurs. Cet événement historique a marqué des générations et les élèves ont pu en être témoin lors de notre rencontre avec Jacqueline. Quel moment émouvant ! Jacqueline alors âgée de quatorze ans, comme eux aujourd’hui, a assisté à l’arrivée du Général Leclerc sur l’avenue d’Orléans. En effet, Paris a été libérée par des troupes qui ont traversé le quartier dans lequel vivent les élèves. Je voulais leur faire sentir que leurs pas du quotidien se font dans des rues, des avenues qui ont marqué l’Histoire."
Ce projet me permettait, en outre, de leur montrer que l’écriture nécessite du travail, des recherches et de la constance. Cet exercice, ils l’ont éprouvé durant six heures lors d’ateliers d’écriture avec Dorian Masson. Par groupes, ils ont rédigé des textes et cela n’a pas toujours été facile.
Par la suite, leurs textes ont été enregistrés à la radio DiVa 14 avec Anne Kobylak. C’est un exercice amusant au premier abord mais entendre sa propre voix est souvent déroutant.
Pour clore ce travail, des élèves sont venus au musée de la Libération de Paris le samedi 18 juin lors de la manifestation de la Nuit européenne des musées afin de mettre en voix leurs textes devant les visiteurs.
Je suis très heureuse d’avoir mené ce projet avec vous, chers élèves. Je suis extrêmement fière de vos textes et j’espère que vous aussi. Je fonde l’espoir que cette expérience vous confirmera que vous êtes capables de vous emparer de la langue pour créer, imaginer, et transmettre des émotions.
"

Mise à jour : juillet 2024