Autant le dire tout de suite, les copies ont toujours été une corvée. Il y a de nombreuses raisons à cela dont une au moins psychologique : la correction des copies est le moment où l’enseignant mesure le fruit de son travail (et de celui de ses élèves) et cela peut parfois être quelque peu décourageant.
Mais il y a aussi autre chose. Depuis que je tends vers le zéro papier, la copie sur papier reste une sorte d’anachronisme dans ma vie numérique. Avec les chèques que je signe de plus en plus rarement, la copie est bien le seul endroit sur lequel j’inflige à quelqu’un ma graphie disgracieuse.
Et il y a pire. Honnêtement, je pense que la copie est prévue pour que l’élève écrive dessus mais certainement pas pour que l’enseignant y ajoute sa correction.
Il y a certes une marge (et encore est-elle encombrée de petits trous) mais elle offre peu d’espace. Il ne reste alors que le fameux cartouche, maigre espace dans lequel personne n’a envie d’étaler sa prose. Reste aussi la fin de la copie si l’on veut se montrer un peu plus disert.
La copie numérique
Heureusement, le beau monde numérique apporte une solution à mes états d’âme. Si vos élèves n’ont ni tablette ni ordinateur, vous pouvez faire comme François Jourde (à qui ce billet doit beaucoup) et scanner les copies et faire une correction numérique (je vous assure que c’est très simple encore que peut-être un peu long). Sinon si vos élèves sont équipés, voici ce qu’il est possible de faire.
L’idée est d’avoir des copies au format PDF. Il existe de nombreuses applications qui vous permettent de faire des choses qu’on ne soupçonne pas faisables avec un banal PDF. Et pourtant !
Correction avec PDF Expert
Avec PDF Expert, j’annote les copies de plusieurs manières. Par exemple, j’use et j’abuse des tampons. Ce sont de petits rectangles que l’on peut créer soi-même et ensuite insérer sur la copie. J’ai ainsi créé différents tampons, pour corriger des rédactions : « À reformuler », « Ponctuation », « Temps », « Répétition », etc. Ces tampons s’insèrent dans la marge, sont aisément reconnaissables à leur couleur et font gagner un temps précieux. Inutile de recopier dix fois de suite « Ponctuation ».
Parfois, ces brèves remarques sont insuffisantes. Je recours alors à la « note ». Comparable à un petit post-it dans la marge, cette note est cliquable et s’ouvre pour faire apparaître une explication qui n’aurait pas trouvé de place dans la marge. On peut donc facilement insérer des explications supplémentaires qui elles aussi peuvent ensuite être copiées puis collées dans d’autres copies.
Je recours également à tout un ensemble de codes de couleur afin de souligner les passages erronés : le bleu pour la ponctuation ou les espaces en trop ou manquantes ; le rouge pour l’orthographe ; le violet pour les temps verbaux ; le jaune pour les passages qui leur valent un des tampons susmentionnés…
Mais ce que je préfère, c’est tout de même la remarque audio. On l’a dit au début, on manque souvent de place et on ne peut formuler clairement une appréciation détaillée. En enregistrant son appréciation, on peut vraiment développer et expliciter les points à retravailler.
Et ensuite ?
Ensuite, vous rendez la copie à votre élève. Pour ma part, j’utilise Evernote mais vous pouvez tout aussi bien utiliser OneNote ou Keep. Ces applications servent à de nombreux enseignants de cahier numérique. Et l’on voit qu’avec PDF Expert (mais on peut aussi utiliser d’autres apps comme PDF Max indiqué par Nicolas le Luherne), la copie aussi devient numérique, c’est-à-dire réellement numérique : elle est augmentée. Il y a une réelle plus-value à ce que la copie soit numérique.
Pour finir, on peut imaginer quelques petites choses : j’aurais bien aimé que les liens que j’ai insérés dans les notes soient de vrais liens cliquables. J’aimerais aussi pouvoir bénéficier de davantage d’options de formatage dans le texte que je peux coller sur une copie, comme le barème. Peut-être pour une future mise à jour…
Mais avec le temps, je prends conscience de ceci : l’enseignant garde une trace de la copie. Auparavant, je « remettais » les copies. Littéralement, je les rendais et ne les possédais plus, ce qui m’embarrassait parfois, notamment en conseil de classe ou lors d’une réunion parents/professeurs. À présent, je peux affiner mes remarques trimestrielles après m’être rafraichi la mémoire en me replongeant dans le travail de l’élève. Je remarque aussi que, lorsque le travail a été fait en groupe, on peut distribuer un exemplaire de la copie à chacun des élèves.
Lire l’article complet sur le Blog « Ralentir travaux » de Yann Houry
Mise à jour : avril 2023