Jeudi 9 mars 2023 a eu lieu la journée académique de formation des référentes et référents établissement "lutte contre les LGBTphobies" organisée par l’Observatoire de lutte contre les LGBTphobies au lycée professionnel Erik Satie (Paris 14e), en présence du Directeur de cabinet adjoint, de la chargée de mission de l’Observatoire, de proviseurs, d’IPR, d’enseignants, de CPE, et de personnels médico-social.
En préambule à cette journée de réflexion et d’échanges, Benoît Gobin a tout d’abord rappelé que l’engagement de l’Observatoire académique dans la lutte contre les LGBTphobies s’inscrit dans une dynamique interministérielle, dans le cadre de la sortie prochaine du plan national d’actions pour l’égalité des droits et contre la haine et les discriminations anti-LGBT+ 2023-2026 du Ministère de l’Égalité et de la nouvelle campagne de sensibilisation qui sera lancée par le Ministère de l’Éducation nationale le 17 mai 2023, campagne centrée sur l’accueil des élèves LGBT+.
Parmi les nombreuses thématiques abordées lors de cette journée, celle des transidentités en lien avec la circulaire ministérielle du 30 septembre 2021 « pour une meilleure prise en compte des questions relatives à l’identité de genre en milieu scolaire » a été au cœur des réflexions, à partir notamment d’extraits de la pièce de théâtre Mue imaginale, où adultes et adolescents questionnent ensemble les problématiques liées à la transidentité et au genre à l’école et dans notre société.
Extraits joués par les comédiens et comédiennes :
Sur la liste d'appel de sa classe, Puck s'appelle Mia. Pourtant "sans contrefaçon", il est un garçon et il le dit, incitant son professeur (sa professeur ? sa professeure ?) à voir le monde autrement. Puck et ses camarades commencent leur « mue imaginale », ultime transition vers l'âge adulte. Mais n'est-ce pas notre société elle-même qui évolue ?
Afin de mettre en perspective et de prolonger la réflexion, Anaïs Perrin-Prévelle, co-présidente de l’association OUTrans, partenaire associatif de l’Éducation nationale, a donné une conférence intitulée "Question de genre(s) : Éléments de compréhension de la transidentité, prévention des violences à l’encontre des élèves transgenres et inclusion en milieu scolaire", suivie de nombreux échanges entre les référents afin de développer les bonnes pratiques qui ont pu être mises en place dans les établissements et améliorer l’accueil, l’accompagnement et les expériences scolaires des élèves transgenres, non-binaires et/ou en questionnement.
L’après-midi a été consacrée dans un premier temps à la présentation de dispositifs et projets innovants dans la lutte contre les LGBTphobies, pilotés par l’Observatoire :
- La présentation d’un dispositif original d’expression d’élèves, les AGIS (Alliance genres, identités, sexualités), nouvelle forme de l’engagement non institutionnel de la démocratie scolaire. Des référents "lutte LGBTphobies" ont présenté l’organisation et les actions menées au sein de leur établissement par ces clubs d’échanges et de discussion animés par et pour les élèves sur les identités de genre et la diversité des orientations sexuelles, affectives et romantiques.
- La présentation du projet pilote de mobilités européennes Erasmus + "PRIDE – Genre, identités, sexualités" (Sollentuna près de Stockholm et Madrid) des personnels de l’académie de Paris porté par l’Observatoire de lutte contre les discriminations anti-LGBT+ et le bureau Erasmus+ de la DAREIC Erasmus +. Voir article des mobilités du projet "PRIDE : genres, identités, sexualités" sur le site du rectorat
Les différentes missions des référentes et référents établissement "lutte contre les LGBTphobies" ont ensuite été rappelées :
- Conseiller les personnels face à des situations de LGBTphobies
- Recueillir la parole des élèves et les accompagner
- Impulser des actions éducatives, notamment le 17 mai, journée internationale de lutte contre les LGBTphobies
- Diffuser les informations, ressources en lien avec la prévention et la lutte contre les LGBTphobies à l’ensemble des équipes de l’établissement, en lien avec l’Observatoire académique de lutte contre les LGBTphobies.
L’Observatoire a enfin proposé une mise en atelier autour d’études de cas à partir de situations-problèmes en lien avec la prévention et la lutte contre les LGBTphobies à l'école, pour améliorer les pratiques professionnelles des personnels de l'académie et systématiser les bonnes pratiques, tout en renforçant la culture juridique, institutionnelle et règlementaire de la lutte contre les LGBTphobies.
Analyse de pratiques professionnelles : "Agir en tant que référente et référent lutte LGBTphobies dans son établissement".
Quelques exemples d’études de cas :
Cas 1 – Lesbophobie à l’encontre d’une élève au sein d’un établissement scolaire
Des garçons d’une classe enchaînent, sous couvert d’humour, des réflexions et des injures lesbophobes à l’encontre d’une des élèves de leur classe, qui subit régulièrement des moqueries dans l’établissement et sur les réseaux sociaux en raison de son orientation sexuelle présumée.
- Analyse de la situation
- Approche juridique, institutionnelle
- Proposition de réponse éducative et pédagogique
Cas 3 – Contestation d’enseignement
Un professeur de Lettres projette dans le cadre de son cours des extraits du film Harvey Milk, premier homme politique ouvertement homosexuel qui fit campagne contre l'Initiative Briggs, fut élu conseiller municipal de la mairie de San Francisco, puis assassiné avec le maire George Moscone, en 1978 par son rival au conseil municipal Dan White.
Il essuie lors de la projection ricanements et protestations de la part de deux élèves de la classe, qui l’accusent publiquement de faire "l’apologie de l’homosexualité", que ça les dégoute et qu’ils vont le dire à leurs parents.
Quelques jours plus tard, les parents des deux élèves demandent un rdv avec la CPE de la classe pour se plaindre du professeur. Celle-ci vous sollicite en tant que référent.e
- Analyse de la situation
- Approche institutionnelle, règlementaire
- Réponse éducative et pédagogique
Cas 5 - Accompagnement d’un élève transgenre et respect de l’identité de genre
Théo est un élève transgenre qui a fait son coming out à ses camarades, ses professeurs et à sa famille, qui l’accompagne et le soutient dans son affirmation d’identité de genre. Ses parents, qui ont rencontré la chef d’établissement, ont souhaité que tous les documents non officiels mentionnent désormais le prénom choisi Théo, qu’il soit genré au masculin selon son souhait, et qu’il ait accès à des toilettes non genrées. Théo vient vous signaler que l’un de ses professeurs continue de le genrer au féminin et de l’appeler par son deadname.
- Analyse de la situation
- Approche institutionnelle, règlementaire
- Réponse éducative et pédagogique
Cas 8 –Réagir à un coming out d’élève transgenre ou en questionnement
Un collègue vient vous voir en salle des profs, paniqué suite à la conversation qu’il vient d’avoir avec un de ses élèves. L’élève lui a signifié à la fin du cours sa volonté désormais d’être genré au masculin et être appelé Samy. Le collègue semble totalement désemparé.
- Analyse de la situation
- Approche institutionnelle et règlementaire
- Réponse éducative et pédagogique
Une journée riche en échanges et partage de pratiques professionnelles, qui a permis d’outiller, d’ancrer des connaissances et des compétences et de renforcer le réseau des référentes et référents "lutte LGBtphobies" de l’académie.
Pour en savoir plus consultez les documents ci-dessous :
Mise à jour : mars 2023